I. L'abbaye de Faumont d'après les sources d'archives jusque vers 1150.
A l'origine des deux maisons qui nous occupent il faut placer l'action du couple comtal de Flandre: Robert II dit de Jérusalem (1093-1111) et Clémence de Bourgogne, qui devenue veuve se remaria avec le duc Godefroid 1er de Brabant et mourut vers 1133. Cette princesse provenait d'une famille toute acquise aux idées de réforme religieuse, notamment sous la forme de la règle de Cluny (4). De plus, par une rencontre frappante, son propre frère Guy de Bourgogne devint pape en 1119 sous le nom de Calixte II (mort en 1124) et cette promotion se traduisit dans le comté par une multitude de confirmations pontificales en faveur des abbayes flamandes; il y a naturellement une confirmation de ce genre dans le cartulaire de Bourbourg. De toute façon, il est certain que la comtesse a exercé une grande influence sur la politique religieuse de son mari.
L'abbaye de Bourbourg fut sans doute fondée par la comtesse clémence avant 1100, alors qu'elle gouvernait la Flandre en qualité de régente durant l'absence de son mari parti à la croisade (5). Quand celui-ci revint avec son glorieux surnom - Robert de Jérusalem - pour avoir pris part à la conquête de la ville sainte, il multiplia les faveurs pour la fondation chérie de son épouse et ses successeurs firent de même. De 1104 â 1125 on ne compte pas moins de 26 chartes comtales émanant de princes différents, mais agissant toujours à l'instigation de la comtesse Clémence. Et il faudrait encore ajouter à ces sources profanes les confirmations pontificales, particulièrement explicites. C'est ainsi qu'en 1119 Calixte II déclare vouloir répondre aux prières de l'abbesse Godilde et à celles "de notre très chère soeur la comtesse Clémence de Flandre, fondatrice de ce lieu" (6).
Pour Faumont, nous avons une sorte d'acte de fondation daté de 1110, mais ici encore il faut peser le sens des mots (7). Voici la traduction du passage essentiel: "Moi, Robert, comte de Flandre, et la comtesse Clémence, mon épouse, nous avons construit pour la rémission de nos péchés et le salut de nos âmes la maison de moniales de Faumont et nous avons donné aux moniales qui y servent Dieu deux manses de terre, la dîme en Pévèle sur toute terre nouvelle, tant cultivée que à cultiver, la dîme du lin relevant de notre domaine, une terre nouvelle à Ruhol (forêt de Clairmarais), toute la dîme des jardins à Orchies, la terre de Petrihout (hameau de Frelinghien)".
En fait, comme on peut le voir par l'emploi de ces verbes au passé, il s'agit ici simplement du rappel de décisions déjà prises antérieurement (quelques mois ou quelques années plus tôt). Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'en 1110 l'édifice se trouve réellement construit et qu'il abrite des sanctimoniales, des moniales. Ce décalage s'observe très souvent à travers les chartes dites de fondation.
Le vrai problème est ailleurs. Cette maison, connue plus tard sous le nom de prieuré, a-t-elle jamais été un véritable monastère ? A-t-elle jamais connu un régime d'autonomie conformément à l'ancienne tradition bénédictine ? On peut en douter et les flottements qu'on aperçoit à travers les textes révèlent tout simplement les difficultés d'une implantation monastique nouvelle, même appuyée par une puissante princesse.
La situation du temporel, c'est-à-dire de la fortune, est un bon indice en ce domaine. Le patrimoine de Faumont - qu'il s'agisse de la dotation initiale ou des acquisitions ultérieures - apparaît parfois mélangé à l'ensemble des biens de l'abbaye de Bourbourg comme dans les confirmations pontificales, mais parfois aussi il est décrit dans des sortes de pancartes (notices collectives relatant de multiples donations) concernant seulement les moniales de Faumont. Dans les deux cas d'ailleurs quand une abbesse apparaît au détour du texte, c'est toujours l'abbesse de Bourbourg (8). Tout cela fait penser à la situation du prieuré.
Voici maintenant l'histoire très éclairante de l'autel de Coutiches, un sujet qui devait tenir à coeur à ces moniales puisqu'elles habitaient cette paroisse. Entre 1125 et 1131 l'évêque d'Arras Robert - agissant sur l'ordre de Calixte II et de la comtesse Clémence - concède à l'abbaye de Bourbourg l'autel de Coutiches (9). Rappelons à ce propos que dans le langage des chartes de l'époque le mot "autel" désignait l'aspect économique d'une église paroissiale.
Il pouvait englober soit la totalité de ses revenus (en terres, en dunes, en offrandes), soit seulement la part du prêtre (10). Quoi qu'il en soit, dans le cas présent les religieuses devaient encore supporter la présence d'un parasite: la persona, c'est-à-dire en somme le curé (même si ce mot n'existe pas encore) ou l'administrateur responsable de la paroisse (11). Trente ans plus tard, en 1153, un autre évêque d'Arras Godescalc III confirme à l'abbesse de Bourbourg la possession de l'autel de Coutiches, comme si cette cession n'avait pas encore été faite (12). C'est que entre temps la persona avait certainement disparu et que l'autel était maintenant incorporé au temporel du monastère. Très normalement, il est donc spécifié que cette église ne sera plus jamais réduite au statut d'église paroissiale, mais que les revenus de l'autel serviront à entretenir les moniales qui y servent Dieu.
Le contexte suggère suffisamment qu'il s'agit des religieuses de Faumont. Toute obscurité est dissipée par un troisième acte de 1163, par lequel l'évêque d'Arras André confirme les dispositions lues plus haut (13). I1 spécifie en outre que les religieuses jouiront des revenus de cet autel, même si le siège de leur maison est déplacé, à condition toutefois que ce soit dans les limites de la paroisse de Coutiches :une précision qui ne peut convenir qu'aux moniales de Faumont. Si l'on ajoute maintenant que c'est l'abbesse de Bourbourg qui choisit le "prêtre honnête et convenable" (sacerdos honestus et idoneus) chargé de desservir l'église et que c'est elle encore qui envoie sur place les religieuses (14), une image d'ensemble achève de se dessiner.
La maison ou monastère de
Faumont n'a pas d'existence autonome, puisque ses membres sont choisis
dans la communauté de Bourbourg et envoyés sur place par
l'abbesse, qui demeure la seule autorité reconnue, même dans
les tractations intéressant le patrimoine local. Faumont possède
en effet un temporel propre constitué dés l'origine et enrichi
par la suite ; mais il n'est pas sûr que les revenus en soient effectivement
consommés surplace. Cette assurance n'existe que pour l'autel de
Coutiches. Enfin la stabilité et la permanence de cette fondation
sont bien loin d'être assurées, puisque en 1163 encore on
prévoit l'hypothèse d'une déplacement possible, déplacement
qu'on essaie de limiter au maximum en usant de la contrainte économique
(15). Dès lors nous pouvons donner sa pleine signification à
la formule contenue dans une confirmation de Philippe d'Alsace en 1184
(16). Il y parle de "la maison (domus) des moniales de Faumont qui appartient
au monastère (monasterium) de Notre Dame de Bourbourg" : l'opposition
des deux mots domus et monasteriurn est à elle seule un résumé
de toute la situation.
II. L'abbaye de Faumont d'après
une source hagiographique (XIIe siècle).
Cette image appuyée sur les documents d'archives e trouve d'une façon tout à fait inattendue complétée et vivifiée par une information venue d'une source hagiographique, la Vie d'Hugues de Marchiennes, abbé de cette maison de 1148 à 1158 (17). Ce saint homme était né à Tournai en 1102/1103 au sein d'une riche famille, sans doute de niveau chevaleresque et c'est dans "cette cité royale" qu'il avait commencé sa vie monastique à l'abbaye Saint-Martin, encore toute récente (18). En 1127, alors que ce monastère se trouvait sous le gouvernement d'Heriman, le futur historien de cette fondation, Hugues décida sa mère devenue veuve à finir ses jours dans la vie religieuse : une formule très courante à l'époque, adoptée par exemple par les parents d'Abélard ou par la mère de Guibert de Nogent. Et c'est ici qu'on entrevoit au détour du récit la comtesse Clémence et le monastère de Faumont. Il faut citer largement ce texte pour en apprécier la portée :
"La comtesse Clémence -qu'on appelle la duchesse à cause de son remariage avec un duc de Brabant, après la mort de son premier époux, le comte de Flandre Robert- construisait alors un monastère de femmes en terre de Pévèle, au lieu dit Faumont. Ayant donc entendu dire que la mère d'Hugues était une femme de valeur capable de rendre de grands services, elle voulut à force de prières la retenir pour servir d'exemple aux autres. Mais Hugues s'y refusa, parce que ce lieu était trop voisin, à proximité de toute sa parenté qui étendait encore une main menaçante sur cette oeuvre sainte. C'est pourquoi il l'entraîna au delà de Noyon, dans un monastère assez écarté qu'on appelle Saint Amand (19). Il y resta quelques jours avec elle pour lui apprendre tous les exercices qu'il accomplissait lui-même. Il habitua ainsi son esprit et son ventre au pain de la douleur et à l'eau d'angoisse, l'avertissant de faire de dignes fruits de pénitence de se conduire dignement en toute chose. Il ne faut pas oublier qu'en raison de la mon du glorieux comte Charles arrivée en ces jours là toute la région était bouleversée à tel point qu'on prenait, qu'on dépouillait, qu'on tuait tout ce qui se présentait. En dépit de tout cela, Hugues conduisit sa mère depuis cette terre jusqu'à cette autre terre sans subir aucun trouble, sous les yeux mêmes des combattants, protégé seulement par la foi et la prière comme par un bouclier et par un casque. Dans ce voyage, elle emmenait de l'or et de l'argent et aucun des siens ne fut troublé. Tout cela fut tenu par lui pour un miracle, car s'il avait été averti, il n'aurait certainement pas fait tout ce qu'il fit sans être averti. En effet, au moment où il s'était mis en route il n'avait pas encore appris la nouvelle de la mort de ce prince" ((2 mars 1127).
La dernière phrase de ce récit donne la date de tous ces événements. Les voyageurs se sont mis en route alors que la nouvelle toute récente de l'assassinat du comte Charles (20) nu leur était pas encore parvenue. Nous sommes donc dans les premiers jours de mars 1127. A cette date la comtesse Clémence était veuve depuis longtemps (1111) et deux autres comtes avaient succédé à Robert de Jérusalem, à savoir Baudauin VII à la hache (1111-1119) et Charles du Danemark (1119-1127). Sous le règne du premier la comtesse douairière avait même été au coeur de troubles dynastiques, en soutenant des révoltes (1113, 1119), puis elle s'était remariée avec Godefroid Ier de Brabant, ce qui lui avait valu l'appellation glorieuse de "duchesse".
Malgré tous ces changements, elle continuait à s'occuper de sa fondation de Faumont qui pourtant existait en principe depuis 1110 avec ses bâtiments et sa dotation. En fait, l'oeuvre était loin d'être achevée : l'hagiographe fort bien renseigné déclare en effet que en 1127 la comtesse "construisait un manomètre de femmes en terre de Pévèle" (monasterium construehat foeminarum) ; entendons par là qu'elle cherchait à assurer son avenir, peut-être même sa survie, sur le plan économique et religieux. C'est pourquoi elle cherchait à y attirer cette veuve, à cause de ses vertus sans doute, mais aussi en raison de son rang et de sa fortune. Une telle recrue pourrait fournir une supérieure tout indiquée. Tous ces calculs n'échappaient pas à la parenté dont on craignait l'opposition à l'égard de cette "oeuvre sainte". Une telle éventualité n'avait rien de chimérique, car lors de l'entrée d'Hugues au monastère de Saint-Martin de Tournai, une troupe armée de parents avait forcé les portes de la maison pour essayer d'en extraire le nouveau moine, qu'on présentait comme victime "d'un rapt et d'un vol" (21). La paix avait été difficile à rétablir. En tout cas en 1127 l'autorité de la comtesse sur la maison de Faumont éclipse tout à fait celle de l'abbesse de Bourbourg, pourtant seule compétente en principe.
Dans la finale de son texte, notre auteur s'étend avec complaisance sur la crise d'autorité ouverte par la mort violente du comte Charles le Ban. Le fait est bien connu, mais le mal semble avoir sévi avec une particulière acuité en certaines régions, comme la vallée marécageuse de la Scarpe, frange extrême du comté de Flandre où l'autorité publique n'avait jamais été très forte (22). Non seulement cette zone se trouvait exposée sans défense à la recrudescence des violences seigneuriales habituelles, mais elle avait à subir les dangers nouveaux découlant de la guerre civile : l'un des candidats au trône comtal, Guillaume d'Ypres, un bâtard de la dynastie, était en effet installé au château de Lécluse dans une position quasi inexpugnable à partir de laquelle il pouvait terroriser la région. Ces informations venues d'une autre source de Marchiennes, les Miracles de sainte Rictrude font parfaitement écho aux dires de notre biographe : "on prenait, on dépouillait, on tuait tout ce qui se présentait". Cette image assez sinistre nous permet aussi de mieux comprendre quelles menaces pesaient sur une jeune pousse monastique comme la maison de Faumont et quel intérêt il y avait â disposer en ce domaine d'une puissante protection.
Conclusion
Cette étude s'est volontairement limitée aux premiers temps de l'abbaye de Faumont, jusqu'aux environs de 1150. En finale cependant nous fournissons quelques jalons ultérieurs propres à soutenir l'imagination. Dans un compte des décimes de 1361-1362 (c'est-à-dire de cet impôt pontifical destiné en principe à la croisade) (23) figure dans le diocèse d'Arras un "prieuré de Faumont" (priorissa) : la situation ecclésiastique de la maison s'est donc maintenant stabilisée et ce prieuré est taxé à 263 livres, c'est-à-dire qu'on estime à cette somme son revenu net, déduction faite de toutes charges. II est fort probable d'ailleurs qu'on soit ici très en dessous de la réalité.
En 1644 en tout cas les informations sont plus précises. A l'occasion du décès de l'abbesse Isabelle de Héricourt, on a dressé un inventaire des biens de l'abbaye de Bourbourg (24) et ce document révèle que la communauté se compose de quatorze religieuses professes et deux novices, qui toutes visiblement résident dans le monastère. Les recettes globales se montent à 16215 livres, sur lesquelles le prieuré de Faumont, simple unité économique selon toute apparence, compte pour 1400 livres. On y entretient cependant un chapelain qui coûte 200 livres par an.
On arrive ainsi au moment fatal de la mort de l'institution, qui s'accompagne naturellement d'un inventaire (25). L'abbaye de Bourbourg jouit en 1790 d'un revenu de 49097 livres, dont 4485 proviennent de Faumont (le mot prieuré n'est plus utilisé). Dans cette localité les biens se répartissent de la manière suivante : une ferme de 80 bonniers et demi et quatre cents de terre avec une petite dîme, soit 3200 livres ; une autre partie de dîme, soit 685 livres ; un autre canton de dîme soit 600 livres. Si, faute de mieux, nous utilisons le bonnier de Marchiennes (1 ha 41) pour calculer la valeur de cette ferma (26), nous arrivons à environ 114 ha, soit sur le plan local une très grosse exploitation. Les grandes générosités de la comtesse Clémence avaient donc laissé des traces sept cents ans plus tard...
(1) Faumont, Nord, arr. Douai, c. Orchies. Ce village, jadis simple dépendance de Coutiches, n'est devenu commune qu'en 1830. Son émancipation ecclésiastique avait commencé plus tôt, puisque dès 1818 un jeune prêtre, âgé de vingt trois ans, était nommé vicaire à Coutiches en résidence à Faumont. Deux ans plus tard, ce prêtre, l'abbé HJ. Philippe, était solennellement installé comme curé de Faumont le 31 octobre 1820. C'est lui qui en trois ans, 1820-1823, fit construire la nouvelle église et par la suite un presbytère voisin du sanctuaire. I1 quitta cette fonction en 1828. Comme cet abbé Philippe a connu une carrière assez brillante, puisqu'il finit vicaire-général, sa vie a été écrite et cette biographie contient des pages fort instructives sur les débuts de la paroisse de Faumont. A cause de leur intérêt, nous les reproduisons en annexe à notre article, bien que nous soyons ici très loin du Moyen Age. Sur cette église de Faumont, voir l'excellent ouvrage d'A. PLATEAUX, Les églises de la Pévèle française. Liège, éd. Pierre Mardaga,1990, p. 296-298. Au Moyen Age et sous l'Ancien Régime, Faumont et Coutiches relevaient du diocèse d'Arras, juste à la limite du diocèse de Tournai.
(2) I. DE COUSSEMAKER, Un cartulaire de I abbaye de Notre Dame de Bourbourg, 3 vol., Lille, 1882-1891.
(3) VitaNugonisMarchianensis ((1158),Martène et Durand, Thesarvus novus anecdotorum, Paris, t.III, 1717, c.1709-1736. Notre passage se situe c.1719 (= ch. XII. Cette biographie a été composée presque aussitôt après la mon du héros par un de ses plus intimes confidents. C'est une source excellente.
(4) Sur la politique religieuse de Robert II et sur l'influence de son épouse, voir avant tout H. SPROEMBERG, "Clementia, Gräfin von Flandern", dans Revue belge de philologie et d'histoire, t.XLII, 1964, p.1203-1241. Voir aussi Algemene geschiedenis der Nederlanden, Haarlem, 1982, t. II, p. 374-375 Th. de Hemptine) ; de même N. HUYGHEBAERT, "Les femmes laïques dans la vie religieuse des XIe et XIIe siècles dans la province ecclésiastique de Reims", dans I laici nella societas christiana dei secoli XI e XII (Atti della terza Settimana internazionale di studio, Mendola, agosto 1965), Milano, 1968, p. 346396, ici p. 378.
(5) Voir H. SPROEMBERG, op.cit., p.1016.
(6) I. DE COUSSEMAKER, Un cartulaire..., p. 20.
(7) F. VERCALTTEREN, Actes des comtes de Flandre,1071-1128, Bruxelles, 1938, p.122-123 ; I. DE COUSSEMAKER, p. 7.
(8) Confirmations pontificales des biens de l'abbaye de Bourbourg : 5 avril 1112 (Pascal In, J. RAMACKERS, Pasturkunden in den Niederlanden, t.II, Urkunden, Berlin, 1934, p. 99-100 (corrige la date du 5 avril 1113 donnée par I. de COUSSEMAKER Un cartulaire..., p. 13) ; 22 octobre 1119 (Calixte II), I. DE COUSSEMAKER, p. 20 ;14 avril I 138, RAMAKERS, p.129. Pancartes de donations faites à Faumont, vers 1120, I. DE COUSSEMAKER, p. 24 ; vers 1129, Ibid.. p. 34-35 ; 1129 la comtesse Clémence donne une terre "ad mensam sanctimonalium in ecclesia Fanni Montis sancto Marie servientium", Ibid., p. 33. L'abbesse Godildis est citée aussi bien dans la confirmation générale de Calixte II (1119) concernant Bourbourg que dans la pancarte destinée à Faumont (vers 1120). Nulle mention d'une prieure locale...
(9) cf. B.M. TOCK, Les chartes des évêques d'Arras (1093-1203), éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1991, p. 69 (qui corrige la date donnée par I. DE COUSSEMAKER, p. 23). Rappelons que Coutiches (et donc Faumont) appartenait au diocèse d'Arras.
(10) La littêrature sur le sens du mot altare et persona est considérable. Citons seulement H. VANWERVEKE, dans "Le montgage et son rôle économique en Flandre et en Lotharingie" (1929) repris dans le recueil d'articles Miscellanea medievalia, 1968, p.166 : "Les abbayes nouvelles (Xe et XIe s.) vivent surtout de revenus de nature spirituelle, de dîmes et d'autels, c'est-à-dire de revenus attachés à des églises paroissiales. Le mot altare désigne tantôt l'ensemble de ces revenus, c'est-à-dire les oblations et la dîme, tantôt la portion seule qui revenait au prêtre. Dans ce dernier cas, l'autre portion, notamment les 2J3 de la dîme, s'appelle personatus, patronatus ou bodium. Très souvent elle avait été confisquée par des laïques".
(11) La donation de 1125-1131 avait été faite vivente ejusdem altaris personna (sic) et l'évêque Robert s'excuse de cette atteinte à la coutume en s'appuyant sur l'auctoritas et la benignitas du pape Calixte II. (12) 1153, TOCK, op.cit., p.115 ; I. DE COUSSEMAKER, p.45. "Altare de Costices perpewalitertenendum concedimus et ut illa ecclesia amplius in parochialem statum non redigatur... statuimus".
(13) TOCK, op.cit., p.183.
(14) Rôle de l'abbesse de Bourbourg dans le choix du prêtre paroissial, acte cité à la note précédente ; dans le choix des religieuses de Bourbourg, lettre du cardinal o en 1161: "Sorores que ibidem (à Faumont) ex mandato tuo (! abbesse de Bourbourg)...in divinis fuerint mancipate obsequio", RAMACKERS, op.cit., p. 227-228.
(15) Certaines abbayes promises à un grand avenir connurent de telles translations, par exemple Saint-Nicolas-des-Prés à Tournai (née vers 1100) qui changea trois ou quatre fois de site ; Flines qui commença en 1234 à Orchies, avant de se transporter en 1252 à Flines-lez-Râches (cette abbaye cistercienne fut la nécropole des comtes de Flandre de la maison de Dampierre).
(16) I. DE COUSSEMAKER, op.cit., p. 85.
(17) Voir plus haut note 3. Nous avons fait une communication sur ce texte à l'Académie royale de Belgique, classe des lettres (le 2 mars 1992), à paraître dans le Bulletin.
(18) Cette abbaye était née de la "conversion" de l'écolâtre Odon en 1092. La nouvelle communauté s'était stabilisée en 1094 en adoptant la règle bénédictine. Odon était devenu en 1105 évêque de Cambrai.
(19) II s'agit de Saint-Amand-les-Thourotte (commune de Machemont, c. Ribémont, arr. Compiègne, dép. Oise).
(20) Sur cet événement mémorable, voir H. PIRENNE, Histoire du meurtre de Charles le Bon par Galbert de Bruges, édition du texte latin, Paris, 1891; et R. VAN CAENEGEM, Le meurtre de Charles le Bon par Galbert de Bruges. traduction française et commentaire, Fonds Mercator, Anvers, 1978.
(21) Vita Hugonis (voir note 3), ch. VII, c.1716.
(22) Voir notre étude "Crime et châtiment à Marchiennes", dans Sacris erudiri, t. XXIV, 1980, p.155-202, spécialement p.177 et 193. Nous y utilisons les Miracula sanctae Rictrudis de Marchiennes (XIIe s.) A.S., Maii (éd nov.) III, 105-106.
(23) Aug. LONGNON, Pouillés de la province de Reims, Paris, 1908, t. I, p. 248.
(24) DE COUSSEMAKER, p. 486-506.
(25) DE COUSSEMAKER, p. 555.
(26) cf. P.L. LIONET, Manuel du
système métrique, Lille, 1820, p.165.